Les centres collégiaux de transfert de technologie moins connus que les cégeps… mais tout aussi importants

Photo: Trans-tech

Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB)

Solidement implantés à travers le territoire québécois, les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) sont les centres de recherche appliquée des cégeps et collèges du Québec. Bien qu’ils ne soient souvent pas aussi connus du grand public que les établissements auxquels ils se rattachent, ils ne constituent pas moins des acteurs clés du développement socio-économique de la province. À l’occasion du 25e anniversaire du réseau Trans-Tech, l’organisation qui les regroupe, Le Devoir s’est penché sur la valeur et la nature de leur contribution. Tour d’horizon.

« Les centres collégiaux de transfert de technologie ont toujours occupé une place particulière dans l’écosystème de l’économie québécoise », avance d’entrée de jeu Michel Trépanier, professeur-chercheur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Apparus au début des années 1980, ils ont été créés par le gouvernement provincial pour répondre à certains besoins des entreprises québécoises. Dès le départ, leur mandat a été triple : exercer, dans un domaine donné, des activités de recherche appliquée, d’aide technique, ainsi que de formation et d’information auprès des entreprises.

Aujourd’hui 49, ils sont répartis un peu partout à travers la province, et ce, tant dans les grands centres que dans les régions. Oeuvrant dans toutes sortes de secteurs, chacun d’entre eux se spécialise dans un domaine spécifique allant des technologies manufacturières avancées à l’intégration des immigrants en passant par l’agriculture, les biotechnologies, la nordicité, etc.

En ce qui concerne leur clientèle, ce sont principalement les PME qui requièrent les services des CCTT (69,74 % en 2015-2016), mais plusieurs grandes entreprises et organismes publics et parapublics font aussi appel à eux chaque année. Dans le cas des CCTT qui travaillent dans le domaine des pratiques sociales et novatrices (CCTT-PSN), toutefois, leur soutien est surtout sollicité par des organismes publics et parapublics.

Sur le plan économique, leur contribution prend plusieurs formes. Il peut s’agir d’un soutien au développement de nouveaux produits, à la réduction des coûts, à la création d’emploi, à l’augmentation de la productivité, à l’automatisation des activités, etc.

Tirant principalement leurs revenus des projets qu’ils réalisent et de leur fonctionnement, les CCTT génèrent annuellement des retombées importantes. D’après la Direction de la planification de l’offre, de la formation continue et de la recherche du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES), depuis 2011-2012, leurs revenus ont augmenté de 34,5 % et en 2015-2016, ils se sont élevés à 90,2 millions.

Un impact majeur pour les régions

Bien qu’ils soient répartis sur l’ensemble du territoire québécois, c’est dans les régions de la province que les CCTT apportent leur contribution la plus tangible. Pour ces dernières, ils sont très souvent des moteurs importants de développement.

« L’avantage principal des CCTT sur le plan économique est leur capacité à rejoindre des PME en région », souligne Daniel Denis, économiste et associé chez KPMG ainsi que responsable de l’étude intitulée « La contribution économique des cégeps et des centres collégiaux de transfert de technologie » réalisée en 2013 par KPMG-SECOR pour la Fédération des cégeps et le Réseau Trans-Tech.

« Les entreprises québécoises sont confrontées à d’importants défis concurrentiels, explique-t-il. Plusieurs doivent accroître leur productivité, développer de nouveaux produits, améliorer leurs façons de faire. Leurs moyens limités et, dans plusieurs cas, leur localisation hors des grands centres urbains font en sorte qu’elles ont moins accès aux services de soutien technique, de transfert technologique, de conseils et de formation. Plusieurs CCTT ont réussi avec le temps à rejoindre adéquatement et efficacement cette clientèle. Ce faisant, ils contribuent à la compétitivité et à la croissance des entreprises québécoises, tout en stimulant le développement régional. »

Le fait que la vocation sectorielle des CCTT soit largement ancrée dans le tissu industriel de leur milieu géographique et que leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement y soient souvent réalisées contribue également de façon importante au développement économique des différentes régions du Québec.

« Il ne faut pas oublier non plus que les CCTT rendent les régions plus attractives pour les jeunes qui proviennent des grands centres et pour ceux qui vivent déjà en région parce qu’ils créent de belles occasions d’emploi », relève Mathieu Vigneault, président-directeur général du réseau Trans-Tech.

Pour les régions les plus éloignées et les plus marquées par une baisse démographique, il s’agit d’un apport de taille. En ayant accès à un plus grand bassin de travailleurs formés, les entreprises qui y sont installées multiplient leurs chances de connaître le succès.

« Il y a aussi la question du maintien des emplois qui est importante, ajoute M. Vigneault. Les CCTT aident beaucoup les régions du Québec à garder des emplois ici et à faire en sorte que les individus qui occupent ces postes-là puissent continuer à les occuper dans le temps parce qu’ils les outillent pour le faire en améliorant leurs compétences. »

Un plus pour l’innovation

Mais il n’y a pas que sur le plan économique que les CCTT engendrent des bénéfices pour les PME et la société québécoise. Grâce à leur approche collaborative, ils permettent aussi de renforcer les systèmes globaux d’innovation de la province.

« Les CCTT ont réussi ce que très peu d’autres intervenants qui soutiennent l’innovation sont parvenus à faire, c’est-à-dire faire en sorte que les PME apprennent à innover mieux et sur une base plus continue », indique Michel Trépanier.

D’après le professeur-chercheur qui s’intéresse depuis plusieurs années à la question de l’innovation dans les PME québécoises, c’est sur ce plan que les CCTT ont apporté leur contribution la plus significative au fil des ans.

Nancy Gagnon, qui est présidente du conseil d’administration de l’Association pour la recherche au collégial, abonde dans le même sens que M. Trépanier.

« Une des parties les plus importantes du mandat des CCTT, c’est de faire avancer les entreprises au niveau de leurs connaissances, observe-t-elle. Quand un CCTT a terminé son mandat de recherche et développement, l’entreprise a certainement une valeur ajoutée en termes de produit, mais le plus important, c’est qu’elle a aussi gagné de la valeur sur le plan de l’expertise ; elle a appris des choses qui lui serviront réellement pour l’avenir. Et ça, pour le Québec, c’est très important. »

SOURCE: LE DEVOIR- CAHIER SPÉCIAL – Émilie Corriveau  ( à lire sur ce lien)

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